Aller au contenu

 

La génération Y : Qui dirigera?

Pénurie de gestionnaires à l'horizon?

Les jeunes quittent facilement leur emploi s'ils ne trouvent pas ce qu'ils cherchent et ils veulent se garder du temps pour la famille et toutes sortes d'autres activités. Comment réussiront-ils à devenir gestionnaires? Car pour monter les échelons dans une entreprise, il faut souvent y avoir acquisde l'expérience, donc y être resté quelques années, avoir affronté les conflits internes, avoir montré son dévouement... Le printemps dernier, le président de L'Oréal Canada, Javier San Juan, a fait part de ses inquiétudes à la Chambre de commerce du Montréal métropolitain. Dans son discours, il disait que «[...] l'environnement dans lequel [les jeunes] évoluent n'est pas propice, il est même dangereux pour le développement de leurs aptitudes de futurs dirigeants. Ils évoluent en effet dans un contexte économique très privilégié où la notion de prise de risques, à titre personnel, est fortement atténuée.» Il ajoutait que «les enjeux liés à la prise de décision, par exemple à propos de leur carrière, portent peu à conséquence». À cet effet, il a donné en exemple le recours aux congés sabbatiques. Selon M. San Juan, pour préparer les futurs gestionnaires, il faut «oser la confrontation, provoquer des challenges et les sortir de leur zone de confort».

Lucie Mandeville
Lucie Mandeville

Ce diagnostic est en partie partagé par Lucie Mandeville. «Je me pose des questions sur leur capacité à faire face aux difficultés et à dépasser leurs limites», dit-elle. Ils ont vécu dans l'aisance et ils sont habitués à faire passer leurs besoins ou leurs goûts avant tout. Elle donne à ce propos l'exemple de jeunes qui décident d'aller à une fête et disent à leur patron qu'ils ne pourront pas travailler le lendemain, une chose impensable pour les gens de sa génération. À son avis, ces jeunes risquent de subir un choc lorsqu'ils arriveront sur le marché du travail, qui est plus exigeant que le monde des études.

Jacques Charuest n'est pas d'accord : il voit beaucoup de Y qui sont disposés à faire des efforts et qui sont intéressés à devenir gestionnaires. Mais ils ne travailleront pas de la même façon que leurs prédécesseurs. Ils voudront continuer à développer leurs intérêts personnels. «Un jeune peut vouloir prendre quelques jours de congé en dehors des périodes habituelles pour participer à un triathlon, assister à une course automobile de Nascar ou aller faire de la plongée sous-marine», explique-t-il, remarquant au passage leur intérêt pour les sensations fortes. Et comme c'est une génération composée de gens qui ont plus voyagé que les boomers et qui sont habitués à être stimulés, il faut que le travail corresponde vraiment à leurs intérêts pour qu'ils se donnent entièrement.

Christine Landry
Christine Landry

Christine Landry, 31 ans, qui a terminé une maîtrise en environnement et a été diplômée en 2004, incarne bien cette tendance. L'action, les défis, ça ne lui fait pas peur : elle est directrice des événements spéciaux au Consortium Écho-Logique, un organisme à but non lucratif qui offre une gestion écologique des rebuts lors d'événements ou de congrès. Elle compte parmi ses clients les plus grands événements extérieurs au Canada : le Festival international de jazz de Montréal, la Fête du Canada à Ottawa et à Gatineau et, en Estrie, le Festival des traditions du monde de Sherbrooke, entre autres.

Son credo est simple. «Quand tu veux, tu peux», dit-elle, ajoutant qu'elle trouve toujours les ressources pour surmonter les obstacles. Elle aime la gestion, qui lui permet de toucher à tout et qui est centrée sur l'action. Elle a d'ailleurs quitté un emploi au gouvernement du Nouveau-Brunswick qui lui offrait pourtant de bonnes conditions : «Après deux ans, c'était assez. Au gouvernement, ça ne bouge pas vite, et moi, j'aime ça quand les choses avancent!»

Mais ce qui la motive par-dessus tout, c'est que son travail est lié à une de ses préoccupations : la protection de l'environnement. «Si je voulais un meilleur salaire, je ne serais pas au Consortium. Je suis là parce que je peux œuvrer pour l'environnement et qu'ici on peut faire la différence.» En effet, depuis qu'elle s'est jointe à l'équipe, en 2004, le nombre d'événements gérés par le Consortium est passé de 28 à 75.

Annik Giguère
Annik Giguère

Annik Giguère, 29 ans, étudiante en service social, ne recule pas non plus devant les responsabilités. Nommée Personnalité par excellence au Gala Forces Avenir 2007, elle est conseillère municipale dans le village de Wotton depuis plus de trois ans. «Je trouvais que ça ne bougeait pas à Wotton, qu'il n'y avait rien pour les jeunes et les familles», dit-elle. Depuis son arrivée, elle travaille à améliorer les infrastructures sportives de son village et elle essaie de convaincre les autres élus d'implanter la collecte des résidus organiques. Elle s'occupe de tous les dossiers qui touchent les jeunes ou l'environnement.